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Les dirigeants du Sporting l'ont bien comprit, le stade de Furiani doit s'agrandir pour permettre à un maximum de supporters d'assister à la demi-finale. Déjà avant la qualification contre Nancy, Jean-François Filippi tient son idée : « si nous passons, nous devons tomber la tribune Nord pour satisfaire à la demande ». Dès l'annonce du tirage au sort, décision est prise de démolir la tribune Claude Papi, tribune en béton datant de 1948 et d'une capacité d'à peine 750 spectateurs, afin d'y ériger des armatures métalliques (déjà utilisés contre Nancy mais cette fois-ci d'une taille nettement plus conséquente) afin d'atteindre une capacité de 18 000 spectateurs.

 

La vétuste (mais ô combien mythique) enceinte du stade Armand Césari avant les futurs travaux

 

Le 24 avril à 20h , la direction du club contacte l'entreprise de l'ancien président du SECB François Vendasi pour la démolition. L'opération se déroule dans la plus grande discrétion et à 4h30 du matin, la tribune Claude Papi n'existe plus.

Henri Hurand, le préfet de Haute-Corse, ne l'apprendra que par la presse locale les matins du samedi 25 et dimanche 26 avril . Dans le même temps, aucun permis de démolition pourtant nécessaire pour ce genre de travaux n'est enregistré à la mairie de Furiani.

La tribune rasée, il est temps de reconstruire et il reste peu de temps. Des contacts sont pris avec deux sociétés de construction : Sud Tribune (une société niçoise) et Space Locations (une société bordelaise). Très vite, Space Locations par l'intermédiaire de Maurice Villena, son directeur, se retire en précisant que «  dix mille places demandées, c'est irréalisable en si peu de temps, en tout cas pour notre société . ». Sud Tribune se voit donc confier la construction de la nouvelle tribune métallique d'une capacité de 9 300 places pour un montant estimé à près d'1 million de F.

Le lundi 27 avril , Raymond Le Deun (directeur de cabinet du préfet) se rend au stade de Furiani pour participer à une réunion de travail réunissant les dirigeants de la Ligue Corse de Football (LCF), les dirigeants du Sporting Club de Bastia (SCB), et l'ingénieur Sud Tribune, Jean-Marie Boimond. L'assemblée tient à prendre la mesure de l'évènement et l'affluence prévue le jour du 5 mai, ainsi qu'à examiner les lieux pour la construction de la nouvelle tribune.

Le mardi 28 avril , les grands travaux débutent. Les engins de terrassement s'activent à niveler le terrain sur lequel sera construit la future tribune nord pendant que les premiers matériaux sont acheminés du continent. Raymond Le Deun se rend à Furiani pour constater le début des travaux et y rencontre Jean-Marie Boimond. Bernard Rossi, directeur de la Socotec, se rend lui aussi à Furiani afin de délivrer à l'ingénieur Sud Tribune un avis sur le sol d'assise de la tribune.

Le même jour, une grève des dockers sur le port de Marseille intervient. L'acheminement des pièces pour la réalisation de l'ouvrage est interrompu. Henry Hurand décide de contacter Jean Fournet-Fayard, le président de la Fédération Française de Football, afin de différer la date du match et d'obtenir ainsi un délai plus conséquent afin que les travaux soient livrés dans les meilleures conditions possibles. Pour des raisons de calendriers, la FFF rejette la demande du préfet alors que Sud Tribune annonce qu'elle dispose de toute les pièces nécessaires sur l'île pour terminer les travaux, pourtant non conformes en tous points aux pièces initiales.

Dans le même temps, la LCF indique que le complément de billets sollicités par le SCB à la Fédération Française de Football ne sera mis en vente qu'après accord de la commission de sécurité. Les billets sont retirés à la FFF et sont confiés par un intermédiaire du SCB à Jean-François Filippi, président du club, dans la soirée.

 

Le mercredi 29 avril , les représentant de la commission départementale de sécurité civile par l'intermédiaire de la sous-commission chargée des établissements recevant du public et des installations importantes (ERP-IGH) se rendent à Furiani, accompagnés par les représentants de la Direction Départementale de l'Equipement (DDE). A cette occasion, Jean-Marie Boimond présente à ces organismes la technique de montage de la tribune.

A l'issue de cette réunion, la LCF transmet à la FFF un rapport d'une page intitulé « procès-verbal de la commission départementale de sécurité » où il est mentionné que la Socotec à donné un avis favorable à la tenue du match et que «  la commission de sécurité estime remplie les conditions pour un bon déroulement de la rencontre et donne son assentiment pour la tenue du match  ».

Or, comme allait le souligner la presse quelque jour après la catastrophe, ce procès-verbal émanant de la LCF ne tient pas en compte de l'avis de la commission « officielle » de sécurité. Ce papier, intitulé frauduleusement «  Procès-verbal de la réunion de la commission de sécurité concernant l'organisation de la rencontre SC Bastia / OL de Marseille du 5 mai 1992  » est remit à la FFF dans la journée (voir partie Les dysfonctionnements ).

Le dernier obstacle pour la vente des billets est « officiellement » levé. A 14h, ces derniers sont mis en vente et une première surprise est offerte aux supporters : les tarifs annoncés s'échelonnent de 200 à 500 Francs, soit une augmentation de 75% par rapport au quart de finale contre Nancy. Face au mécontentement des supporters relayé par la presse, Jean-François Filippi s'explique : « C'est pour ne pas priver trop de Corses de ce grand spectacle que nous avons dû agir de la sorte […] nous demandons aux supporters de comprendre que la majoration du prix des places est la conséquence directe de l'augmentation de la capacité du stade et des dispositions spéciales que nous devons prendre en matière de sécurité. »

 

Le jeudi 30 avril , nouvelle réunion de la commission de sécurité sous la direction de Mme Giudicelli, palliant l'absence de Raymond Le Deun. La commission émet un « avis favorable » signé le soir même par le directeur de cabinet du préfet malgré les conclusions de la qui dénonce un manque de sécurité. Or, selon un des membres de la commission, il n'est fait à aucun moment allusion à la tribune en cours de montage dans ce procès-verbal.

 

Le samedi 2 mai , Bernard Rossi se rend de nouveau à Furiani. Il constate la bonne tenue du sol, son assise ne présentant aucune anomalie.

 

Le lundi 4 mai est une journée essentielle : veille du match, les travaux de construction de la tribune Nord sont sensés s'achever.

A partir de 9h, le préfet de Haute-Corse accompagné de son directeur de cabinet ainsi que les membres de la commission de sécurité se rendent à Furiani pour effectuer les vérifications nécessaires. La Commission départemenatle de Sécurité se réunit à 10h. Une de ses composante, le Service d'incendie de Haute-Corse, relève un certain nombre d'anomalies : éclairage de sécurité non installé, entrées et issues non mises en place en tribune Ouest. La commission de sécurité émet son avis : «  le niveau de sécurité reste très insuffisant . »

 

Mardi 5 mai , « Ils l'ont fait ! le pari fou des dirigeants » titre Jean-Richard Graziani dans le bulletin édité pour la demi-finale, alors que dans le même temps Bastia, Furiani et toute la Corse sont en liesse à quelques heures du coup d'envoi. Dans une ambiance de fête explosive, en ville comme aux abords du stade, tous n'ont qu'une idée en tête : Bastia va faire tomber le géant Marseillais, Bastia prend dors et déjà la direction du Parc des Princes pour la finale.

Caratctéristiques de la nouvelle tribune :

* 10.000 places assises

*100 mètres de long

*Jusqu'à 15 mètres de haut

Cependant, alors que la foule s'amasse et se dirige vers Furiani à grand renfort de klaxons et de cris, les travaux sur la tribune ne sont toujours pas achevés. A 16h, les portes du stade sont ouvertes pendant que la commission de sécurité se réunit une dernière fois malgré l'absence du préfet et de son directeur de cabinet, chargés d'aller accueillir à Poretta le président de l'OM, Bernard Tapie et le maire de Bastia Emile Zuccarelli.


A 18h30 arrivent les premiers supporters de l'OM, dirigés immédiatement vers une partie de la tribune sud qui leur est réservée.